LES VITRAUX
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(B) Jugement dernier |
(C) Saint Martin |
(D) Saint Porcien |
(E) Crucifixion |
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(G) Mystères joyeux |
(H) Arbre de Jéssé |
(J) Chasse St Hubert |
(K) Les Saints d'ici |
(L) Musique sacrée |
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Après le bombardement du 7 Juin 1944, les verrières Nord Sud, sont entièrement à refaire. Seulement deux verrières anciennes ont pu être rescapées, et restaurées (D) (J). Le vitrail de la Musique Sacrée (L) n’a pas été impacté.
La réfection des verrières fut confiée à Max Ingrand, ainsi le vitrail de la Crucifixion au-dessus du retable latéral Nord. S’acquitter de cette tâche avec satisfaction était presque une gageure. Le souvenir de l’admirable Crucifixion du XVème siècle réduite en miettes par les bombes était trop présent dans le souvenir des Aiglons pour qu’ils puissent admettre la remplacer par une œuvre discutable. En fait Max Ingrand gagna la partie. Dans une composition tourmentée, aux dominantes gris bleu, or et rouge, il sut être pathétique. (E)
C’est l’une des nombreuses créations contemporaines entreprises par le volontaire Abbé Paul Girard.-
Nous revenons sur les vitraux du côté droit ou Sud de l’église qui illustrent la sainteté.
St. Martin - Patron de la Paroisse (C) XX°
L’Aigle est l’une des 3.700 paroisses de France placées sous le patronage de Saint Martin de Tours. Le vitrail illustre quelques moments de sa vie. Saint Martin, à cheval, coupe un morceau de son manteau pour vêtir un pauvre. Une ville en grisaille est à ses pieds. D’autres scènes secondaires de la vie du Saint enserrent cet épisode capital ; une d’elles, la plus élevée, représente le Saint priant pour un catéchumène dont l’âme s’envole immaculée.
Histoire de Saint Martin : A 18 ans, encore païen, il partage son manteau militaire avec un pauvre. La nuit suivante, un songe lui fait identifier le pauvre et Jésus. Martin se convertit. C’est la scène centrale du vitrail. Tout autour sont présentés des épisodes racontés par Sulpice Sévère, historien contemporain de Martin : les mauvaises rencontres de Martin (brigands, diable), la conversion de sa mère, les deux monastères de Ligugé (Poitiers) et de Marmoutiers (Tours), son intervention (sans succès) près de l’empereur romain situé à Trèves en faveur d’hérétiques menacés de mort en Aquitaine, et sa propre mort à Candes dans un monastère qu’il avait fondé.
St. Porcien, Patron de confrérie (D) XV°
Au-dessus de l’autel baroque, ce grand vitrail a été « rescapé » suite au bombardement du 7 juin 1944.
Ce vitrail est une œuvre du maître verrier Max Ingrand. Il a réalisé ces vitraux dans les années qui ont suivi son retour de captivité, en 1947. Nous pouvons remarquer que Max Ingrand, dans les vitraux exposés au midi (côté place St martin) privilégie les couleurs chaudes (rouge, jaune, or...) et tandis qu'il réserve des couleurs froides (bleu et vert) au nord.
Une des particularités de ce maître verrier est de composer ses vitraux comme on ferait de la tapisserie de verre
« Le sermon sur la montagne » (A): Max Ingrand illustre ici le beau poème des béatitudes (Matthieu, chap. 5). Jésus, le maître, entouré de ses disciples, proclame les conditions du bonheur : Heureux ceux qui ont l’esprit de pauvreté, Heureux les cœurs purs, les artisans de la paix. C’est comme une apothéose dont le centre est cerné d’une piste ovale où sont inscrites des Béatitudes, brisant audacieusement un fenestrage rectiligne dans le goût de la Renaissance Italienne. A l’entour, illustration allégorique des admirables affirmations, où les personnages (les prisonniers, les déportés, les veuves, les familles chrétiennes, les doux bergers) prient en chœurs unanimes et fervents.
Max Ingrand nous propose sa vision de la fresque brossée par Saint Matthieu (au chapitre 25 de son évangile) “le jugement dernier” (B). Dans un ciel d’orage le Christ apparait en éclatant habit blanc apparait, et comme reposant sur un coussin de sept anges joueurs de tuba, trône. Les élus montent vers Lui en groupe de saphir, et tandis que les réprouvés, figurés par les sept péchés capitaux, se tordent dans les flammes.
Ainsi Jésus n’est pas seul. Il se prolonge dans son Eglise, dans les saints avec ou sans auréole, et dans ceux qui croient sans avoir vu, qui espèrent au-delà de toute certitude, qui aiment sans frontières.
Ces deux vitraux sont donc réalisés en 1947.
Quatre vitraux (XXème siècle) de Max Ingrand ont un lien étroit avec le mystère de Jésus et le mystère de Marie. Nous commençons par le bas de la nef à gauche du retable central.
Douleur : Le Christ en croix, la crucifixion (E) Le bord du manteau de Marie s’illustre d’une ligne de clarté sur le mystère tragique de la mort du Christ. Le Christ attaché à sa croix y semble se pencher sur l’humanité, alors que trois anges recueillent dans des calices le sang qui s’écoule de ses plaies. Il lui apportait la vie en offrant la sienne. Ici, outre les anges, une quinzaine de personnes représentent l’Eglise vers laquelle Jésus se penche comme pour lui transmettre le pouvoir et le devoir d’annoncer l’Evangile à toute créature.
Gloire (F) Max Ingrand illustre ici les « mystères glorieux » : C’est le seul vitrail où l’artiste ait choisi une composition fragmentée tenant compte des espaces offerts par des lancettes. Chacune d’elles représente donc une scène : La Résurrection, l’Ascension, le Couronnement de la Vierge, l’Assomption. Dans les formes : la Pentecôte, avec les seules têtes de la Vierge et des Apôtres, la Colombe du Paraclet sommant la pointe extrême de la composition.
Joie (G) Ce vitrail illustre les mystères de l’enfance du Christ, souvent appelés “mystères joyeux ». L’annonce à Marie, la visite à Elisabeth, la présentation de Jésus au Temple, la vie à Nazareth entourent la naissance de Jésus. Nous observons que les anges occupent une place importante dans l’expression religieuse de Max Ingrand.
Jessé (H) L’arbre de Jessé illustre l’origine de Jésus. Jessé devient la souche de l’arbre dont les branches portent les ancêtres de Jésus, qualifié parfois de “Fils de David”. En haut du tronc apparaît Marie, portant son Fils Jésus. L’arbre de Jessé a tenu une grande place dans l’iconographie chrétienne occidentale du XIème au XVIème siècle. Ici, Marie occupe la place centrale. Au centre la Vierge, irradiante de pureté, apparait parmi les lys, cependant que le Christ-Roi en tunique pourpre trône au-dessus d’elle et que les Rois de la Bible lui font un cadre circulaire.
Les saints d’ici
Il nous reste à explorer deux vitraux.
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L’un est ancien et a été recomposé avec des pièces sauvées du bombardement du 7 juin 1944.
Il date du XVème siècle (J). Dans les lancettes supérieures, nous voyons Saint Nicolas avec les trois enfants dans le baquet. Au centre, Saint Jean-Baptiste prêchant dans le désert, à droite Notre Dame de Pitié et une Descente de Croix.
La partie inférieure représente l’apparition du crucifix entre les bois d’un cerf à Saint Hubert. La chasse légendaire de Saint Hubert (VIIIème siècle) succéda à celle du romain Eustache (IIème siècle). Nous pouvons découvrir des parties anciennes de vitrail, qui témoignent du contributeur aux agrandissements en fin du XVème siècle par Nichole de Courdemanche. Cette partie relate la légende de Saint Hubert : le Saint, une meute de chiens autour de lui, est agenouillé devant la croix du Christ qui lui est apparue entre les bois du cerf poursuivi et faisant face. Le charme de la composition, la finesse du dessin et la richesse des coloris en font un chef d’œuvre.
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L’autre, au fond de l’église nous découvrons un vitrail de Jean Barillet (1947) (K). Trois personnages représentés ici sont trois Saints vénérés dans la région. Au centre, Saint Evroult qui fonda une abbaye dans le pays d’Ouche au VIIème siècle. Une communauté de moines s’y rassembla jusqu’au Xème siècle.
A sa droite, le bienheureux Lanfranc favorise le développement intellectuel de l’abbaye Saint-Evroult au XIème siècle, puis devint abbé de l’Abbaye aux Hommes à Caen et devint archevêque de Cantorbéry.
A la gauche de Saint-Evroult, Saint Anselme qui rencontra Henri Ier d’Angleterre à L’Aigle en 1105. Lui aussi, il acheve sa vie comme archevêque de Cantorbéry.
Dans la partie haute des lancettes, chacun des personnages est surmonté d’une des trois églises de L’Aigle : Saint Barthélémy, Saint Martin et Saint Jean. Dans l’ouverture quadrilobée, surmontant le vitrail, est inscrit un aigle, oiseau « symbolique » de la ville.
Au bas du vitrail on a présenté le “miracle des hosties” dérobées... et qui rejoignent d’elles-mêmes un ciboire. Cela se passait en 1554. De part et d’autre, Jean Barillet a évoqué les travaux matériels des moines... et des habitants de ce pays : l’agriculture et la forge. Dans la capitale de l’aiguille, il fallait au moins cette mention.
Dans le Baptistère, dans la partie romane du XIème siècle, les murs de la chapelle qui étaient défoncés, ont été refaits en 1936. Une grande fenêtre est ouverte, le gabarit de l’ancienne a été retrouvé et exactement restitué au-dedans et au dehors. Nous découvrons un vitrail où Louis Barillet, en 1936, a représenté Saint Paul (M) dans une ouverture étroite, avec un jeu éclatant des couleurs. Des remarques ont été faites à l’époque sur les mains et pieds, et à ses deux doigts bien trop longs.
En fait, toute l’église Saint-Martin de l’Aigle est un hymne de pierre, de bois, de verre… à la « louange de la gloire de Dieu », comme disait Sœur Elisabeth de la Trinité.

